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Les multiplications: végétative : bouturage
3.2. : Les techniques de multiplication végétative
Par multiplication végétative, on entend tous les types de multiplication qui ne font pas intervenir les deux sexes ; en effet, les végétaux ont cette faculté extraordinaire de pouvoir se ‘’ reproduire ‘’ à partir d’un fragment, d’une repousse, d’une plaie etc.…cela est possible grâce à certaines particularités de leurs cellules ; voici les principales techniques de multiplication végétative.
3.2.1. Le bouturage
Bouturer, c’est prélever une portion de végétal et la mettre dans des conditions permettant de lui faire reformer une plante entière.
Types de boutures :
En fonction du morceau prélevé :
- le bout d’une tige ( bouture de tête ),
- un morceau de tige ( bouture de tige ou de tronçon de tige ),
- un morceau de racine ( bouture de racine ),
- une feuille ( bouture de feuille ),
- quelques cellules choisies ( bouture in vitro ).
En fonction de la nature de la plante :
Entre un Helichrysum et un Cornus, il existe de nombreuses différences comme la taille de la plante bien évidemment, mais aussi la structure des tiges ( l’ Helichrysum est herbacé, le Cornus est ligneux)
Les époques et les techniques de bouturage seront différentes si les plantes sont soit :
- ligneuses caduques
- ligneuses ou semi ligneuse persistantes
- herbacées
Par exemple, pour un Helichrysum, on parlera de bouture de tête herbacée ; pour un cornus, on parlera de bouture de tête ligneuse sans feuilles, pour un skimmia, de bouture de tête semi-ligneuse à feuillage persistant.
3.2.1.1. La bouture de tête (exemple: Pelargonium hortorum )
Cliquez sur les images pour les agrandir !
- Prélever une tête de 8-12 cm sur une plante saine; sur le pied mère, couper juste au dessus d'un noeud.
- sur la bouture, couper juste sous un oeil la partie inférieure (coupe bien nette avec greffoir tranchant)
- enlever les feuilles et les stipules du bas, les fleurs ou boutons éventuels; ne laisser que 2 feuilles de la tête
- il faut que la bouture puisse fabriquer du glucose par la photosynthèse; cependant, il est important qu'elle transpire le moins possible car sans racines, elle ne peut s'approvisionner en eau; elle ne peut compter que sur ses réserves. Si l'une des deux feuilles restantes était trop grande, la réduire de moitier comme le montrent les images ci-dessous
La bouture est à présent terminée; il reste à tremper la plaie dans de la poudre d'hormones de bouturage, puis à la repiquer, par exemple en plaquette multipots ( arroser, étiqueter, disposer en tablette à multiplication ). Pour la culture complète, voir les chapitres ''exemples de cultures''.
Dans l'exemple ci-dessus, nous avons détaillé une bouture de tête de Pelargonium hortorum qui est considéré chez nous comme plante herbacée ; il est également possible d’effectuer de la même manière des boutures de tête sur des plantes ligneuses ou semi-ligneuses persistantes, cependant, l’époque de prélèvement sera différente et en fonction d’elle parfois la longueur de la bouture .
Dans certains cas, principalement lorsqu’un végétal développe des petites pousses semi-ligneuses sur des tiges ligneuses, on peut pratiquer des boutures à talon, c’est à dire qu’au lieu de couper juste sous un œil à la partie inférieure, on arrache la bouture de la tige qui la porte avec un peu de son écorce ; c’est cela que l’on appelle un talon
Exemple sur un Taxus:
Assez semblable au talon, il y a le maillet ; plutôt que d’arracher un morceau de l’écorce de la tige ‘’ porteuse ‘’, on en découpe un tronçon ; on pratique de la sorte lorsqu’elle est trop fine que pour lui arracher un talon ( Berberis...) ; dans ce cas, on parle de boutures à maillet.
3.2.1.2. La bouture de tige
Bien que parfois utilisée pour des plantes herbacées dont les tiges sont longues et permettent de prélever plusieurs morceaux ( Pelargonium hederaefolium…), cette technique concerne principalement les plantes ligneuses, et plus spécialement, les plantes ligneuses caduques.
Dans le cas des herbacées, on pratiquera de la même manière que pour les caduques ligneuses ( voir ci-dessous ), mais la longueur sera de 8-10 cm comme les boutures de tête (herbacées).
Bouture de tige d'un ligneux caduc:
- Prélever en hiver des tiges de l’année bien aoûtées sur des plantes saines
- Les découper en morceaux de 20-25 cm de longueur ( ligneuses uniquement ).
- Veiller à bien couper au dessous d’un œil à la base et au dessus d’un œil à la partie supérieure.
- Idéalement, la coupe du bas sera droite alors que celle du dessus sera en biseau ( d’une part pour l’écoulement de l’eau, d’autre part pour reconnaître le haut et le bas lors du repiquage ( il n’y a plus de feuilles à cette époque sur les arbustes caducs )).
- Parfois, on blesse l’écorce sur quelques cm en bas puis on pose de la poudre d’hormones sur la plaie.
- Enterrer les boutures en ne laissant dépasser que 5 cm au dessus du sol ( il y a donc environ 20 cm de tige dans le sol ).
La bouture ci-dessus est dite nodale car on coupe juste au dessus et en dessous d’un œil ( nœud ), certains arbustes à enracinement aisé peuvent-être coupés entre deux yeux, on dit alors que la bouture est inter nodale mais cette technique est peu pratiquée.
3.2.1.3. La bouture de tronçon de tige
Certaines plantes dont les tiges sont garnies de nombreux yeux rapprochés peuvent se bouturer par petits tronçons de tiges avec ou sans feuilles ; c’est le cas par exemple du Ficus elastica dont on prélève un petit morceau de tige garni d’une feuille que l’on enroule afin de diminuer la transpiration ; on enterre ensuite légèrement ce tronçon et l’œil situé au dessus de la feuille va se développer en une nouvelle plantule ; cette bouture de ficus peut se faire à n’importe quelle saison en serre et sur chaleur de fond.
Dans d’autres cas,
( Dieffenbachia…) il est même possible de découper des ‘’ rondelles ‘’ de tiges sans feuilles et de les poser à plat sur le terreau ( et chaleur de fond ).
3.2.1.4. La bouture de feuilles
Certaines plantes ne possèdent pas de tige, il est donc impossible d’y prélever des boutures de têtes ( par exemple, les saintpaulias, les Bégonia rex, les Sansevieria…) ; dans ce cas, il est possible de pratiquer des boutures de feuilles qui jouent alors également le rôle de tiges.
Si les feuilles sont petites ( Saintpaulia… ), on prélèvera l’une d’entre elles avec son pédoncule et on la posera à plat sur la terrine avec le pédoncule enterré .
Si les feuilles sont grandes ( Bégonia rex …), on en détache une en bonne santé, on pratique des incisions sur les nervures principales, puis on la couche à plat sur le terreau en la maintenant avec des petits crochets ; si elle réussit, il y aura une jeune plantule à chaque incision.
Dans certains cas de feuilles dépourvues de pédoncule
( Sansevieria…) on peut découper celles-ci en petits tronçons que l’on repiquera à la verticale dans le terreau ; c’est souvent le cas pour les cactées et plantes grasses dont les feuilles jouent fréquemment le rôle de tiges ( attention, lors du bouturage de cactées, laisser sécher la plaie plusieurs jours avant de repiquer
Bouture de Sansevieria ayant produit des pousses.
NB le cas particulier du Sansevieria trifasciata 'Laurentii'; la coloration jaune du bord des feuilles est due à un virus; si lors du bouturage, il n'y a pas de partie jaune, les jeunes seront verts ordinaires. Il en est de même si l'on sème cette variété, le virus ne se transmettant pas dans les graines.
3.2.1.5. La bouture de racines
Il est également possible de multiplier certaines plantes en découpant les racines en tronçons, c’est le cas par exemple des pavots vivace, des phlox, des anémones du japon…
Des tronçons de 5 à 8 cm de longueur dans la partie la plus charnue de la racines sont découpés et remis en terre verticalement ( et dans le bon sens ), la partie supérieure à fleur de surface. Pour certaines plantes ( Phlox, anémones....) dont les racines sont plus fines, la position horizontale donne de meilleurs résultats.
Ce mode de multiplication est généralement pratiqué en hiver ; il n’est pas nécessaire d’utiliser des hormones ; par contre il faut choisir des morceaux de racines bien développés, charnus, bien gorgés d’eau et surtout en parfaite santé.
Dans la même ‘’ lignée ‘’ , on peut aussi parler des boutures de souches tubéreuses ; en effet, certaines plantes ( principalement les dahlias ) ont des racines tubéreuses très faciles à bouturer : à l’automne, lors de l’arrachage des plants, laisser sécher quelques jours afin que ‘’ l’énergie ‘’ des feuilles redescende vers les racines, puis recouper ces feuilles à environ 2cm au-dessus du collet, et enfin séparer les tubercules qui donneront chacun une nouvelle plante.
3.2.1.6. Le bouturage IN VITRO
La culture in vitro est une technique de laboratoire qui permet de multiplier des plantes en grand nombre dans un espace réduit.
Elle est actuellement utilisée pour multiplier des plantes ou des variétés rares, poussant lentement, ne donnant que peu ou pas de graines ou de rejets, ou encore très demandées dans le commerce . Elle permet également de produire des plantes sans virus.
Pour mieux comprendre son fonctionnement, il est bon de savoir ceci :
- au bout des tiges et des racines des végétaux se trouve l'apex, dans cet apex se trouve un méristème. En simplifiant, on pourrait définir le méristème comme un ensemble de cellules non différenciées, c'est à dire qui n'ont pas encore reçu de rôle particulier à jouer. Cet état permet donc à la plante de s'adapter continuellement aux impératifs du milieu qui l'entoure puisque les cellules de ses extrémités peuvent devenir différents organes.
- si on sépare ce méristème de la plante mère et l'installe en conditions favorables, ses cellules vont immédiatement recevoir '' des ordres '' afin de former des racines vers le bas ( gravitropisme ) et des organes végétatifs vers le haut ( phototropisme ) sous l'effet des hormones qui gèrent ces tropismes. On obtiendrait donc tout simplement une nouvelle plante à partir d'une tête, comme un bouturage classique. Par contre, si ce même méristème est installé dans des conditions particulières qui continuent d'empêcher ses cellules de se différencier, ces dernières vont continuer de se reproduire en grand nombre, toujours sans se différencier et ainsi former un amas informe de plus en plus gros appellé un cal.
- Le cal serait donc, dans ce cas, un très gros méristème; un gros ensemble de cellules non différenciées. Découper ce cal en petits morceaux et les remettre dans les mêmes conditions particulières provoquerait à nouveau la formations de cals...
De nos jours, on connait parfaitement les rôles de différentes hormones végétales dont celles qui empêchent les cellules de se différencier ainsi que celles qui les obligent à se différencier. On peut donc aisément provoquer la formation de cals, puis aisément amener les morceaux de cals à se différencier et former de jeunes plantules.
A partir d'un méristème, on peut donc former un cal, le découper en morceaux, remettre ces morceaux en conditions pour reformer de nouveaux cals, eux-même découpés et enfin installés en conditions pour reformer de petites plantules...
A partir d'un apex, former un cal et le diviser en 10, reformer 10 cals et les diviser à nouveau en 10 : voilà 100 boutures à partir d'un petit bout de tige de 0,4 mm.....
3.2.1.6.1. comment ca marche ?
La multiplication in vitro se pratique en trois grandes phases :
- L’installation
- La multiplication
- Le sevrage
L’installation :
C’est la phase qui consiste à prélever le groupe de cellules ( la mini bouture ), à le désinfecter, puis à le poser sur un milieu de culture approprié.
On peut prélever un apex bien entendu, mais aussi d’autres parties du végétal ( même des graines (…) )
La désinfection est primordiale car le milieu qui va recevoir la bouture est tellement riche qu’il favoriserait aussi la multiplication des champignons ou bactéries éventuellement présents sur celle-ci ; cette désinfection se fait généralement avec de l’alcool à 70°, des solutions de javel diluée…( il faut tuer les champignons ou bactéries sans tuer la cellule de végétal…)
Le repiquage sur milieu approprié se fait dans des hottes stériles avec une soufflerie qui empêche les ‘’ microbes ‘’ du repiqueur d’atteindre le bocal…
Le milieu est composé d’une espèce de gel stérile ( parfois même liquide ) fabriqué à base d’agar agar ( une algue ) et dans lequel sont ajoutées des vitamines et des hormones…
La multiplication :
Si l’on installe notre apex sur un milieu contenant beaucoup de 2-4-d, il va continuer à se développer sans différencier ses cellules et donc former un cal ; une fois celui-ci assez gros, on va le découper en morceaux que l’on va alors installer chacun dans une éprouvette contenant un nouveau milieu permettant la différenciation ( et donc la formation cette fois d’une petite plantule ) .
Les éprouvettes sont installées dans des armoires ou des locaux spéciaux, avec lumière artificielle ; bien entendu ces éprouvettes sont fermées afin d’éviter tout ‘’ microbe ‘’ d’y entrer ; l’échange gazeux se fait entre la plante et son milieu…( )
Le sevrage :
La phase la plus critique de la culture in vitro est le sevrage, c’est à dire le passage des plantules de leur milieu riche et aseptisé vers la terre et l’atmosphère normale d’une serre…
Les plantules issues d’éprouvettes ont généralement du mal à refermer leurs stomates ( car elles les gardent ouverts en tubes ( ) ) et ont donc tendance à se dessécher rapidement dans une atmosphère de serre normale, pour cela, on dépose tout d’abord les tubes ouverts dans des pièces artificielles ou le taux d’humidité est extrêmement élevé ; ensuite, après avoir soigneusement nettoyé les racines de toute trace de milieu ( afin d’éviter la propagation de maladies éventuellement présentes dans le substrat ( désinfecté bien entendu )), on les installe enfin dans des pots et terreaux ordinaires…
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Commentaires
merci infiniment